vendredi 24 juillet 2009

Europe et écologie !

Bilan politique UE/G8/Forum des grandes économies

Union européenne :

Sur les financements : toujours pas de position claire de l’Europe sur le soutien aux PED[1], mais discours de Gordon Brown qui évalue pour la première fois les besoins des PED à 60 milliards d’euros annuels, à mobiliser via des fonds publics et privés. Pas repris par Sarkozy (qui juge que cette carte des financements doit être jouée dans les dernières heures de Copenhague, d’un point de vue tactique), ni Merkel. Mais le débat est lancé. La décision officielle est prévue pour le Sommet des 29 et 30 octobre. Echéance importante pour GP.

● Discussion sur le passage d’un objectif de -20 à -30% de réduction des émissions de l’UE sous présidence suédoise, avant le Sommet de Copenhague. L’UE s’est engagée à passer de -20 à -30% en cas d’un accord satisfaisant à Copenhague. Toute la discussion va porter sur la définition d’un accord satisfaisant, si les Etats-Unis par exemple restent sur un objectif de -4% de leurs émissions de GES….

G8 / Forum des grandes économies :

Sur les financements : rien de concret

Sur les objectifs de réduction des émissions : le G8 a échoué à s’accorder sur des objectifs à 2020 de réduction des émissions des pays industrialisés. Il a seulement validé les objectifs à 2050, en se basant sur la fourchette basse du GIEC : -50% à l’échelle mondiale quand le GIEC recommande -50 à -80%, -80% pour les pays industrialisés quand le GIEC recommande -80 à -95% (sachant que ce scénario ne laisse qu’une chance sur deux de limiter l’augmentation des températures en deça de 2°C).

► De fait le Forum des grandes économies (G8 et grands émergents) a refusé de prendre des engagements de réduction des émissions, attendant de savoir ce que vont faire les pays industrialisés dans les 5-10 ans qui viennent. Pour l’heure, les pays industrialisés proposent une réduction de leurs émissions entre 8 et 14% d’ici à 2020, quand le GIEC recommande -25 à -40%, et que les dernières données scientifiques ont poussé les ONG et les PED à renforcer la demande, actuellement à -40%... On est loin du compte.

Seule avancée : la reconnaissance de la limite des 2°C, par le G8 et les grands émergents. C’est un point d’ancrage pour nos demandes, qui découlent du 2°C….

Que fait la France ?

Sur les financements : la France fait partie des pays qui bloquent l’avancée des discussions européennes sur la question des financements. Parce qu’elle n’a pas d’argent à proposer (quand bien même la loi de programmation militaire prévoit 30 milliards de dépenses annuelles pour la Défense), et parce qu’elle estime qu’il est trop tôt pour parler argent. A l’inverse, la France pousse l’idée d’une taxe d’ajustement aux frontières qui viendrait par exemple pénaliser les produits chinois si la Chine ne s’engageait pas à des actions de réduction de ses émissions… Le bâton sans la carotte.

De manière générale, la France se cache derrière les grands émergents pour justifier de ne pas aller plus loin et confirmer la France et l’Europe dans leur rôle de champion de la lutte contre les CC.

Sur la question des forêts : la position française est particulièrement problématique.

La France veut rouvrir le débat sur le consensus de décembre 2008, qui, sous la pression de la Commission et de l’Allemagne, a exclu d’ouvrir le marché du carbone européen (EU ETS) aux crédits « déforestation évitée » (REDD) avant 2020 (et sous condition). La France souhaite que l’essentiel du financement REDD provienne du marché du carbone (donc de financements privés) dès que possible (2013).

La sémantique du « traité idéal » proposé par les Français pose également problème, réduisant les forêts à des « stocks de carbone forestier » et éludant les questions de biodiversité et droits des populations locales et peuples autochtones.

Une réponse détaillée de Borloo à notre interpellation est attendue incessamment, pour l’instant les explications embarrassées du ministère sont tout sauf convaincantes, mais confirment que la France s’attend à ce que la Suède rouvre le débat au cours de sa présidence



[1] Pays en développement

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