mardi 30 juin 2009

QUAND LES FILETS FANTÔMES HANTENT LES FONDS MARINS

Contrairement à ce qu’il semble évoquer, le surnom de « filets fantômes » ne se rattache pas à l’activité chimérique d’un navire échoué au fond de l’océan. Il désigne au contraire, l’ensemble bien réel des équipements de pêche, perdus ou abandonnés au gré des flots et ce, au grand dam des écosystèmes marins. Selon un rapport de la FAO et du PNUE, cette pêche fantôme constitue un problème majeur mondial, représentant une sérieuse menace pour les milieux maritimes et côtiers …

Alors que les Nations Unies s'apprêtent à se réunir à Manado en Indonésie pour la Conférence internationale sur les océans, prévue du 11-15 mai, elles publient un rapport alarmiste sur un désastre méconnu, celui de la pêche fantôme. En effet, selon le document, les équipements « errant » dans les océans représenteraient 10% (soit 640.000 tonnes) des déchets marins. Si ce matériel de pêche n’est pas abandonné volontairement, mais le plus souvent perdu lors des tempêtes ou dérivé en raison des courants forts, sa présence a des répercussions néfastes sur les stocks de poissons et constitue une véritable menace pour les bateaux.

Au cours des cinquante dernières années, ce phénomène n’a cessé de prendre de l’ampleur, renforcé par des activités de pêche de plus en plus intensives et l’introduction d’équipements « durables » composés de matières synthétiques particulièrement résistantes à l’heure où la biodiversité marine est déjà gravement menacée par la surpêche.

Dès le début des années 1980, la FAO avait lancé un SOS en pointant du doigt les nuisances de ce phénomène : capture en continu de poissons ou d'autres animaux comme les tortues, les oiseaux de mer, les mammifères marins qui, piégés dans les mailles, meurent; altérations du sol sous- marin et dangers à la navigation car, comble de l’ironie, le matériel peut causer des accidents en mer et endommager les navires. Sur la côte pacifique des Etats-Unis, les jeunes esturgeons blancs paient également un lourd tribut.

Jusqu’en en 1992, les filets dérivants étaient les principaux coupables, mais leur interdiction a réduit leur contribution à la pêche fantôme. Aujourd'hui, ce sont les filets maillants que l’on retrouve sur le banc des accusés. Avec leur extrémité ancrée dans les fonds marins et leurs bouchons attachés au sommet, ils forment un mur vertical sous la mer qui peut aller de 600 à 10 000 mètres. Si un filet maillant est abandonné ou perdu, il peut continuer à pêcher « tout seul » pendant des mois, parfois, pendant des années, tuant sans distinction toutes les espèces passant à proximité.

Pour Ichiro Nomura, sous-directeur général de la FAO responsable du Département des pêches et de l'aquaculture, la lutte contre ce fléau doit inclure des mesures curatives mais aussi, de prévention et d’atténuation.

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