vendredi 9 avril 2010

CHRONIQUE RFI DE SERGE ORRU : L'ÉCOLOGIE VA RÉINVENTER LA POLITIQUE ET LA POLITIQUE VA RÉINITIALISER L'ÉCOLOGIE

Autrefois dédaignée et souvent raillée, l'écologie est aujourd'hui un argument électoral, un véritable sujet de société. L'écologie atterrit en politique et se retrouve tant tot aimée ou vilipendée. Elle butine à gauche, elle butine au centre et elle butine à droite. Elle est verte, rose, bleue. Chaque parti politique offre opportunément ses arguments environnementaux. Mais pourquoi ne reste-t-elle encore qu'une simple variable d'ajustement dans une France qui se hâte lentement vers sa transformation verte ? L'écologie ne peut rester en ballottage car elle est la problématique d'émancipation de l'homme au XXIe siècle.

L'actualité montre que la politique et l'économie se sont engouffrées dans l'écologie. Car c'est un atout pour gagner des voix en proposant la prospérité verte.

L'écologie non politique, celle des naturalistes, ne dérange guère de monde et, est hélas ignorée. On aime les baleines et les pandas, mais dès que l'on évoque les émissions de gaz à effet de serre, les déchets nucléaires, les OGM, les incinérateurs, le tout-routier, l'agriculture intensive et ses pesticides, le lien environnement-santé, l'écologie devient alors trop visible voire agaçante et gênante. Car elle demande des changements rapides et radicaux. Face aux récents reculs, les écologistes restent déterminés et toujours impatients.

Les enjeux sont toujours là. Les enjeux, justement... le plus connu, le péril climatique, est remis en question malgré l'avis de milliers de scientifiques que d'aucuns transforment pernicieusement en comploteurs... Et quand bien même les écologistes se tromperaient-ils, serait-ce une raison pour continuer à dilapider notre patrimoine naturel et dévorer la biodiversité de notre unique planète bleue comme une orange? Une raison pour éventrer les forêts boréales de la Colombie Britannique pour en extraire des sables chargés de pétrole? D'applaudir des deux mains la fonte des glaces qui permettra d'aller puiser d'autres ressources? Combien de temps resterons-nous fossiles dans ce monde fini à l'inconscience infinie...

Ce que propose l'écologie n'est pas une punition. Ni une contrition face à l'apocalypse. Il s'agit de revoir le sens du progrès, de nos vies et celles des générations futures. L'écologie politique connaîtra l'âge de raison. Aujourd'hui, c'est une période plus instable qui s'ouvre. Place à son adolescence et à sa créativité bouillonnante. Mais l'écologie est entrée dans la Cité et dans les consciences. Elle n'en sortira plus. N'en déplaise aux rois du carbone.
Progressivement, l'écologie politique sera intégrée dans les programmes des partis politiques avec la même force que les sujets sociaux et économiques. Elle ne sera plus considérée comme un chant de partisans mais comme un élément fondamental du vivre équitable.

L'écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l'écologie. Pour reprendre la maxime de William Arthur Ward: "Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste les voiles". Le développement humainement durable, c'est la vie que nous devons tisser tous ensemble avec enthousiasme.

Oui, tissons et inventons l'avenir! Avec nos rêves et notre courage, nos enfants nous reconnaîtront !

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